Longtemps cantonnée aux grandes métropoles étudiantes, la colocation s’installe désormais durablement dans les villes moyennes françaises. Face à la tension sur le marché locatif et à la hausse continue des loyers. Partager un logement n’est plus un choix par défaut, mais une véritable stratégie d’habitat. En 2025, cette tendance s’amplifie : les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Sommaire
- Une pratique en plein essor
- Une réponse directe à la hausse des loyers
- Les villes moyennes, nouveaux pôles d’attractivité
- Des profils de colocataires qui se diversifient
- Chiffres clés 2025 : une dynamique qui s’installe
- Loyer moyen national (chambre)
- Écart territorial
- Attractivité des villes moyennes
- Demande 2023 → 2025
- Budget logement
- Rendement locatif brut
- Vacance locative
- Profils en hausse
- Une opportunité nouvelle pour les investisseurs
- Les limites à surveiller
- Conclusion
Une pratique en plein essor
Selon le baromètre Oqoro 2025, le loyer moyen pour une chambre en colocation atteint 494 €/mois, soit une hausse modérée de +0,4 % sur un an. Un chiffre qui masque toutefois d’importantes disparités : en province, le loyer moyen tourne autour de 432 €/mois, contre 593 € en Île-de-France et plus de 740 € à Paris.
Cette stabilité relative en région attire de plus en plus d’étudiants, de jeunes actifs et même de salariés en mobilité professionnelle.
Autre indicateur fort, d’après Locservice, près de 63 % des recherches de colocation concernent désormais des villes de taille moyenne. C’est une mutation nette par rapport à 2020, où la majorité des demandes se concentraient encore sur les capitales régionales. Aujourd’hui, des agglomérations comme Angers, Limoges, Niort, Bourges ou Metz deviennent des points de chute recherchés pour leur équilibre entre coût, confort et qualité de vie.
Une réponse directe à la hausse des loyers
En 2024, les loyers ont augmenté en moyenne de +3,5 % dans les villes de plus de 50 000 habitants, selon la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM).
Dans ce contexte, la colocation apparaît comme une solution économique : le partage des loyers et des charges permet de réduire la dépense mensuelle de 30 à 40 % par personne.
Un appartement de 80 m² loué 1 000 € à deux ou trois colocataires devient ainsi plus accessible qu’un studio individuel à 550 €.
Les motivations ont donc évolué. “Il y a encore cinq ans, la colocation concernait surtout les étudiants. Aujourd’hui, elle touche toutes les générations, y compris des cadres en télétravail ou des seniors isolés”, souligne un gestionnaire de biens à Tours.
L’effet “pouvoir d’achat” s’allie désormais à une logique communautaire : mutualiser les coûts, mais aussi partager un cadre de vie plus convivial.
Les villes moyennes, nouveaux pôles d’attractivité
La dynamique de la colocation suit une géographie claire : les villes moyennes gagnent du terrain.
D’après Oqoro, la demande de chambres y a progressé de +18 % entre 2023 et 2025, bien plus vite que dans les métropoles saturées.
Le phénomène s’explique par un triple levier. Tout d’abord, des loyers accessibles dans une ville comme Bourges, Albi ou Saint-Brieuc, le prix d’une chambre en colocation oscille entre 350 et 420 €, soit deux fois moins qu’à Lyon ou Nantes. Ensuite un marché locatif tendu où l’offre de logements classiques se raréfie. Notamment dans le centre-ville, poussant les locataires vers la colocation. Enfin, le développement du télétravail, de nombreux jeunes actifs quittent les grandes métropoles pour s’installer dans des zones plus calmes, sans pour autant sacrifier leur vie sociale.
Les collectivités locales s’en emparent aussi. En effet, certaines municipalités encouragent la rénovation d’appartements anciens pour favoriser la colocation “encadrée”, en centre-ville, dans une logique de redynamisation urbaine.
Des profils de colocataires qui se diversifient
En 2025, la colocation n’a plus un profil unique.
Les étudiants en restent le cœur historique, mais les jeunes actifs représentent désormais près d’un tiers des colocataires.
Les salariés en mission temporaire et les fonctionnaires en mobilité sont également de plus en plus nombreux à opter pour ce mode de vie, séduits par la flexibilité qu’il offre.
Enfin, on observe l’émergence d’une nouvelle catégorie : les colocations intergénérationnelles ou “solidaires”, où des seniors louent une chambre à un jeune en échange d’une aide quotidienne — une formule en plein essor dans les villes à fort tissu étudiant comme Angers ou Clermont-Ferrand.
Chiffres clés 2025 : une dynamique qui s’installe
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Loyer moyen national (chambre)
Baromètre 2025 — +0,4 % vs 2024
Écart territorial
Forte disparité de prix selon le bassin d’emploi
Attractivité des villes moyennes
Part des recherches de colocation ciblant la province
Demande 2023 → 2025
Croissance plus rapide qu’en métropole saturée
Budget logement
Économie vs location d’un studio seul
Rendement locatif brut
Biens optimisés (T3/T4) en colocation
Vacance locative
Tension faible sur les secteurs bien situés
Profils en hausse
Télétravail et missions longues dynamisent la demande
Données indicatives 2025 (agrégats baromètres Oqoro / Locservice + tendances FNAIM). Les niveaux varient selon la ville, le quartier, la surface et l’état du bien.
Une opportunité nouvelle pour les investisseurs
Pour les propriétaires et bailleurs, la colocation dans les villes moyennes représente un levier de rentabilité intéressant.
Avec un rendement locatif brut souvent compris entre 5 et 7 %, ce type de bien surpasse les locations classiques, tout en limitant les périodes de vacance.
Les coûts d’entretien sont certes plus élevés, mais les risques d’impayés diminuent : plusieurs colocataires partagent la charge du loyer, ce qui sécurise les revenus.
Un T4 à 150 000 € dans une ville moyenne, réaménagé pour accueillir trois colocataires à 400 €/mois chacun, peut générer plus de 14 000 € de loyers annuels, soit un rendement net proche de 6 % après charges.
Ce modèle intéresse de plus en plus les investisseurs qui cherchent à concilier rentabilité et accessibilité.
Les limites à surveiller
Tout n’est pas sans risque. La gestion quotidienne d’une colocation exige rigueur et anticipation. La gestion des baux individuels ou collectifs, rotation des locataires, entretien renforcé, règlement intérieur clair…
Les biens doivent aussi respecter les normes de décence et de sécurité, notamment en matière de surface minimale et de ventilation.
Enfin, certaines communes imposent désormais un encadrement spécifique, voire des déclarations préalables, pour éviter la sur-densification des logements.

La colocation dans les villes moyennes – Lesiteimmo.com
Conclusion
La colocation s’impose comme un marqueur fort du marché locatif 2025.
Pratique, économique et socialement vertueuse, elle s’étend désormais bien au-delà des métropoles universitaires.
Les villes moyennes, longtemps en retrait, profitent de ce nouveau souffle : elles offrent des loyers abordables, un cadre de vie attractif et une demande en forte croissance.
Pour les investisseurs comme pour les collectivités, l’enjeu est clair : encadrer sans freiner ce phénomène, afin d’en faire un véritable moteur d’équilibre territorial.
La colocation, autrefois perçue comme un choix “par défaut”, devient désormais un modèle d’habitat durable, au croisement de l’économie, du lien social et de la mobilité.
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