Immobilier et patrimoine : toujours au cœur du patrimoine des Français, mais à quel prix ?

Immobilier et patrimoine, symbole de stabilité et de sécurité. L’immobilier occupe une place centrale dans le patrimoine des Français depuis des générations. Être propriétaire de sa résidence principale. Investir dans la location ou transmettre un bien aux enfants font toujours partie des grandes aspirations nationales. Mais dans un contexte de tensions sur le marché, de transformation des usages et de mutation écologique, la place de la pierre dans le portefeuille des ménages mérite aujourd’hui d’être réévaluée.
Immobilier et patrimoine : une valeur refuge qui reste dominante
En 2023, l’immobilier représentait près de 61 % du patrimoine brut des ménages français. Nous informe l’INSEE — une part relativement stable depuis plus de dix ans. La résidence principale reste le premier poste d’accumulation patrimoniale, devant les placements financiers, l’assurance-vie ou encore l’épargne réglementée.
Cette préférence pour la pierre repose sur plusieurs facteurs : valeur d’usage, sécurité perçue, protection contre l’inflation, mais aussi transmission intergénérationnelle. Même face à la volatilité des marchés financiers ou à la montée de nouvelles classes d’actifs (comme les cryptomonnaies). L’immobilier conserve son statut d’actif tangible, durable et culturellement valorisé.
Immobilier et patrimoine, mais une accessibilité qui se dégrade
Si l’immobilier reste plébiscité, l’accès à la propriété s’est considérablement complexifié, notamment pour les jeunes générations. D’après l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le pouvoir d’achat immobilier des ménages a reculé de 15 % entre 2021 et 2024. Ceci sous l’effet conjugué de la remontée des taux (de 1,1 % à plus de 4 %) et de la baisse de la durée des prêts et de la stagnation des revenus.
En parallèle, les prix restent élevés dans les zones tendues, en particulier dans les grandes métropoles. À Paris, le mètre carré dépasse encore les 9 600 € en moyenne (source : Notaires du Grand Paris, T1 2025). Tandis que l’éloignement géographique devient un passage obligé pour de nombreux primo-accédants.
Un changement de priorités et de comportements
La crise sanitaire a marqué un tournant. Le confinement a réveillé l’envie d’espace, de nature, de lumière. Résultat : les zones périurbaines, les petites villes et les communes rurales ont vu leur attractivité bondir. Selon le baromètre Notaires de France (2024), les ventes dans les zones rurales ont progressé de +12 % en trois ans, contre +2 % dans les grandes villes.
Parallèlement, la montée du télétravail a modifié la relation à l’habitat. L’acquisition n’est plus uniquement dictée par la proximité avec le bureau, mais par des critères de confort, de calme, de qualité environnementale.
Diversification et innovation dans l’investissement immobilier
Si l’achat en direct reste majoritaire, une nouvelle génération d’investisseurs opte pour des solutions plus souples : SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier), crowdfunding immobilier, ou encore coliving à visée patrimoniale.
Ces modèles permettent une diversification des risques, une accessibilité à partir de quelques centaines d’euros, et un rendement net moyen autour de 4 à 5 % (source : ASPIM, 2024). L’immobilier locatif reste recherché, mais les contraintes réglementaires, fiscales (fin du Pinel, durcissement du statut LMNP), et énergétiques (DPE, passoires thermiques) redéfinissent les profils d’investissement.
Vers une pierre plus responsable… et stratégique
L’immobilier est aussi de plus en plus confronté aux enjeux environnementaux. À horizon 2034, tous les logements classés F et G seront interdits à la location. Une évolution qui oblige les propriétaires à repenser leur bien comme un actif à entretenir et à optimiser, sous peine de dévalorisation.
Dans ce contexte, la rentabilité à long terme prime désormais sur l’effet défiscalisant. Les propriétaires cherchent à valoriser leur patrimoine en améliorant la performance énergétique, en réduisant les charges, ou en optant pour des zones résilientes face au changement climatique.
En conclusion : la pierre reste un pilier, mais plus que jamais à piloter.
L’immobilier conserve une place majeure dans le patrimoine des Français, mais sa nature évolue. Moins statique, plus exigeante, plus sélective, la pierre reste attractive… à condition de faire les bons choix.
Entre enjeux de financement, mutations sociétales et nouvelles contraintes réglementaires. Devenir propriétaire ou investir dans l’immobilier en 2025 exige une approche rigoureuse, informée et stratégique.
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